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Dihya dite la Kahina : le destin d'une reine Berbère

Kahina reine Berbère DihiyaL'histoire raconte que son père, le roi Taba, traita la petite Dihya ( tel était alors le nom de Kahina), avec plus grand mépris, furieux que sa femme Birzil ne lui ait pas donné un fils,  qui serait devenu après lui chef des tribus berbères.

 

Pour conquérir l'amour de son père Dihya partit chaque jour prier le bélier sacré de la transformer en garçon. En vain. Alors elle décida de ressembler à l'homme en s'initiant aux armes de l'époque. Son ami Zénon, lui apprit le tir à l'arc.  Elle montra bientôt une telle ardeur, une telle promptitude au combat, qu'à la mort du roi Tabat, le peuple l'a désigna pour succéder à celui-ci.

 

motif symbole kabyle
Les kabyles d'antan savaient apprécier les plaisirs de la vie. La pudibonderie, la sévérité des lois concernant les femmes n'apparurent qu' au XIX ème siècle, par réaction contre l'occident et le colonialisme. Au temps du roi Tabat, les mœurs étaient beaucoup plus libres et les filles ne se privaient pas d'un vrai libertinage.

 

Les plus prisées étaient celles qui portaient le plus de bracelets à leurs chevilles, indiquant ainsi le nombre d'amants qu'elles avaient charmés. Dihya portait beaucoup de bracelet, et sans épouser Zénon, elle eut un enfant de lui .

                

Outre les guerriers de ses tribus, la nouvelle reine avait formé une armée de femmes à cheval, prêtes à la suivre sans faiblir dans les batailles 
qu'elle menait contre l'envahisseur arabe.  Son instinct et un certain don de la divination l'aidaient à triompher de ses adversaires qui l'a surnommèrent Kahina : la prophétesse ou de façon plus péjorative, la sorcière.

 

Le peuple des Berbères tout d'abord l'adora. Puis sans doute nostalgique de l'autorité masculine, il l'obligea à prendre un époux afin d'avoir un roi, un vrai homme. Dihya  se vengea de cet affront en épousant le plus vieux, le plus affreux, le plus tyrannique des prétendants. Vous avez voulu un chef, le voilà !

 

Aussitôt son mari se mit à faire régner la terreur, l'injustice, infligeant la misère et la soumission. Le peuple ne tarda pas à réclamer le retour de la reine.

Dégoûtée par les agissements de son époux, Dihya  le châtia sur la place publique.

Malheureusement elle avait eu de lui un fils qui ressemblait en tous points à son père, fourbe, cruel et dangereux.

 

motif  kabyle triangle
Elle reprit néanmoins le commandement des armées, volant de victoire en victoire…. Malheureusement encore, elle s'enticha d'un jeune homme prisonnier qu'elle adopta pour le protéger. Selon le rituel en cours, en haut de l'escalier royal, elle dégrafa sa tunique, pour donner en public son sein au jeune homme, qu'elle élevait ainsi au rang de sa propre descendance.

 

Seulement ce jeune homme n'était autre que le neveu du grand Uqba, chef des armées arabes. Bien que reconnaissant à la Dihya de l'avoir sauvé,

il n 'en était pas moins résolu à massacrer les berbères et leur sorcière bien aimée.

 

Or ce fut le propre fils légitime de la reine qui lui facilita la tâche, livrant tous les secrets militaires de sa mère aux ennemis.

 

Dihya  perdit du terrain, brûlant la terre à chaque retraite, plutôt que de la laisser intacte aux mains de l'envahisseur. Peu à peu ses guerriers l'abandonnèrent, se livrant aux cris de "  Allah uqbar "  Allah est grand ". Seule l'armée des femmes la soutint jusqu'au bout, avant qu'elle ne fusse  tuer, laissant définitivement le champ libre à l'ennemi.



 

Voilà comment la Berbérie des Romains, royaume de Massinissa, de Jugurtha, puis de Dihya, devient l'Ifrîqiya  des Arabes, nom provenant de la racine 'frq " qui signifie selon le calife Omar, division, séparation, fractionnement.

 

Les Arabes avaient très bien compris, semble-t-il la nature ambiguë de ce peuple berbère  courageux et uni dans les grands moments, mais aussi déchiré par des luttes tribales, les querelles intestines, les rivalités familiales. …………..

 

Extrait du Livre " Le voile du silence" Djura . Edition Michel Lafon 1990.

 

 

Illustration : La kahina par Atanane Aït Oulahyane 



06/10/2015

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