Je m'use si vous ne m'utilisez plus....
Les devinettes ou énigmes kabyles font partie du patrimoine culturel de la Kabylie.
C’est un jeu ancestral convivial et instructif, qui comme toute la culture berbère s’est transmis de génération en génération, par le biais du bouche à oreille.
La maman ou la grand-mère, car la femme a toujours été le vecteur de la transmission du savoir, le soir venu près du feu, invitait ses enfants à s’éveiller l’esprit avec le jeu des devinettes.
Les devinettes sont poétiques, imagées, en rapport avec la Kabylie, que ce soit son paysage, ses métiers, son artisanat, ses coutumes, ou la vie de tous les jours, elles peuvent également évoquer le corps humain.
Comme vous allez pouvoir le constater en exemple, la devinette kabyle, n’est pas une question directe, c’est un énoncé, un petite phrase ou un petit texte, où sont employés des métaphores. Il faut donc en trouver le second sens.
De même que dans le domaine du conte, il existe différentes formules d’introduction et de conclusion dans le jeu des devinettes.
La formule d’introduction est une sorte d’appel à la concentration et au silence pendant l'énoncé, formule qui varie d'une famille à une autre.
" Je jette un grain sur le toit
celui qui ose parler mourra étouffé !"
Une fois la devinette posée la formule " D-acu-t ? D -acu-t ? "
C'est quoi ? C'est quoi ?" est lancée, ou bien " je vous la pose, devinez-là. On dit de celui qui trouve, qu'il aura du bonheur et les autres " un coup sur la tête".
Quand une personne ne trouve pas la solution elle dit « Je ferme , je donne ma langue au chat ».
Les formules varient d'une région à une autre de la Kabylie.
Le jeu des devinettes fait travailler l’esprit, améliore les connaissances en vocabulaire, à faire parfois « pâlir ses adversaires ».
Ceci dans une ambiance toujours gentille, malgré quelques joutes verbales, tout le monde doit faire preuve d'humour et de respect.
Tout le monde peut jouer aux devinettes, même les adultes entre eux.
Quelques exemples de devinettes : ( les réponses en bas de la page)
1) Je suis noire et suspendue par mon nombril.
2) Arrivées au bord de la rivière, elles se font timides. ( Ils se font timides, pour les français )
3) Poursuivi par dix doigts, délogée par deux. ( délogé pour les français)
4) Il est tombé, sa chéchia est toujours suspendue à l’arbre.
5) une amphore d’argent accrochée à une branche.
6) Le pot au lait est retourné, aucune goutte ne s’écoule.
7) Les yeux dans les yeux.
8) le bœuf a deux bouches, lorsqu’il a faim, elles sont ouvertes, rassasié, elles sont fermées.
Les réponses :
1) L' olive
2) Des souliers
3) Un pou
4) Un gland de chêne (très jolie image pour celui-là)
5) Une grenade (fruit)
6) Mamelles d’une vache
7) Un miroir
8) Akufi : la jarre qui servait à stocker des denrées et qui possédaient deux ouvertures,
même trois si on compte celle du haut. Autrefois pendant l’hiver on puisait dans l’akufi pour manger des figues sèches par exemple. Une fois rassasié on referme l’ouverture de l’akufi, par un bouchon de liège. Les deux ouvertures frontales servaient également à déterminer le niveau des provisions et la famille ajustait les quantités selon les jours d’hiver qui restaient encore, afin de ne pas se trouver dépourvue alors que l’hiver n’est pas fini. Ses ouvertures servaient également à pouvoir se servir quelque soit le niveau de provisions.
La formule d'introduction aux devinettes, " Je jette un grain sur le toit celui qui ose parler mourra étouffé" issue de Youcef Allioui, " Le grain sur le toit". Editions L'Harmattan.
Si vous avez des souvenirs de ce jeu de devinettes, ou si vous souhaitez proposer vôtre préférée, vous pouvez déposer un commentaire.
(Merci de mettre éventuellement une traduction en français).
Isabelle.
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