Perles de senteur de la mariée Kabyle
C’est l’été, dans une maison kabyle, une senteur émane du coffre de Dihya récemment mariée, son collier parfumé (Tazlagt n essxav) en est à l’origine.
Ce collier aux perles odorantes est l’une des pièces du trousseau de la mariée.
Comme le veut la tradition et aussi par superstition, seule une femme ayant atteint l’âge de 70 ans et non veuve est habilitée à confectionner ce genre de bijoux.
Celle-ci , réputée pour son savoir faire et sa sagesse fabriquait gracieusement ces colliers parfumés à l’occasion de chaque mariage.
Le collier orne le buste de la mariée jusqu’à sa taille. Il est composé de perles de pâte odorante et se distingue par sa longueur. La réalisation des perles nécessite des clous de girofle, des graines parfumées, Thazoult (qu’on utilise aussi pour se maquiller les yeux). Tout un mélange de parfums qui gardent pendant plusieurs mois leur senteur.
Réalisation du collier :
Il faut moudre les graines parfumées, les malaxer avec de l’eau safranée, ajouter des parfums, comme le benjoin, le musc etc….
Quand la pâte est à moitié sèche, elle est divisée en parties égales et façonnées en petites pyramides.
Une fois les « petites perles » durcies, on les troue de part et d’autre pour qu’elles soient enfilées avec de l’alfa et former ainsi le collier.
Afin de permettre un bon séchage, la réalisation est déposée sur un tamis.
Diverses perles et /ou du corail sont disposées entre les perles aromatiques et les clous de girofle pour agrémenter le collier. Une main de Fatma en argent peut être ajoutée au centre de la parure, en vue d’éloigner le mauvais œil.
Avant le mariage le collier est déposé dans le coffre de la mariée, il embaume les habits et le linge qui s’y trouve.
Les premiers jours du mariage, dans sa maison la femme porte son
collier, dans son sillage la senteur subsiste. Par la suite il peut être disposé dans sa chambre ou gardé précieusement dans son coffre.
Une chose importante les femmes non mariées n’ont pas le droit de porter ce collier, car on lui attribue des vertus aphrodisiaques. La femme ne doit pas le montrer à d’autres hommes, elle peut le faire voir à ses amies, à l’abri des regards indiscrets.
Les femmes veuves ne sont pas autorisées à en porter.
Le nom de ce collier je l’ai vu écrit de différentes manières, dans la région de Boghni ce collier s’appelle Azrar n Sgabh.
Les mariées Chaouies (Aurès) portent également ce collier. Il est porté aussi en Tunisie, c’est au niveau de l’agrémentation du collier qu’il y a des variantes.
Cette publication comme d’autres en rapport avec la femme kabyle, montre que tout ce qui est du domaine de la femme, l’est exclusivement.
Isabelle.
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