L'art de la poterie en Kabylie
En Kabylie la poterie est un art au féminin, de l’extraction de l’argile jusqu’à la décoration finale, tout est entièrement réalisé par la femme kabyle. La poterie était surtout confectionnée pour un usage domestique.
De nombreux motifs berbères ornent les jarres, plats, lampe à huile, pot à lait ...
La potière puise ses motifs et ses formes dans la tradition, mais elle les dispose et les organise selon ses goûts et sa fantaisie.
LES DIFFERENTES ETAPES DU TRAVAIL DE LA POTERIE :
Préparation de la pâte et le modelage
La technique de modelage, pratiquée traditionnellement par les femmes a toujours été la plus répandue en Kabylie, la potière puise sa matière dans le gisement d'argile du village.
Il y a des communes où la qualité de l’argile est plus propice à la cuisson et d’autres plus propice à l’utilisation crue.
L’argile est broyée puis passée au tamis, elle est mêlée à un dégraissant, des grains de calcaire, du sable contenant du quartz et du mica ou une variété de terre crue ou cuite , ceci afin d’empêcher l'argile de coller aux mains et de se fendre au moment du séchage et de la cuisson. Elle est ensuite pétrie, mouillée et laissée au repos pendant vingt-quatre heures.
La potière travaille sur un support plat, une pierre, un morceau de bois, un fragment de sparterie, parfois sur la bouse de vache séchée. Avant d'y poser sa pâte, elle le saupoudre de sable ou de cendre pour éviter l'adhérence.
Création des différentes poteries
La potière constitue d'abord le fond de son objet : pour cela elle aplatit entre ses paumes une boule de pâte, puis elle la place sur un support et
avec un tranchant de la main lui donne la forme d'une galette. Elle roule ensuite un colombin de pâte qu'elle pose sur le fond en lui faisant faire un tour complet.
Elle colle en pinçant le rebord du fond et le colombin, ensuite elle en pétrit d'autres et les superpose en les collant les uns aux autres, afin de soutenir l'ensemble ; une main est à l'intérieur de l'ébauche et l'autre écrase les colombins et les égalisent avec l'estéque.
Quand la poterie a pris la forme désirée, la potière procède à la pose des accessoires : anses, pieds, bec d'écoulement … etc.
La forme des poteries qui servent à transporter du liquide, sur le dos ou la tête, varie afin de s’adapter au mieux à la morphologie de la femme qui porte cruche ou jarre. La base de la poterie a une forme plus ou moins pointue pour le dos et plate pour déposer sur la tête.
Lissage et séchage des poteries
Une fois que le travail de constitution des objets est fini, la potière procède aux opérations de finissage : elle égalise l'intérieur et l'extérieur de la poterie. Avec la raclette elle enlève les aspérités, ensuite elle procède au lissage, avec les mains ou un chiffon mouillé.
Elle laisse la poterie durcir, puis elle la polit avec un galet ou un coquillage.
Après le lissage, c'est le séchage : la pâte doit devenir assez dure pour supporter le feu de la cuisson, en effet une pâte gorgée d'eau dégage de la vapeur et se fend en tous sens.
La Cuisson des poteries
La cuisson c'est le travail semi fini de la poterie kabyle, cette dernière n'est pas cuite au four comme dans les grands ateliers qui possèdent les fours modernes. La femme dispose ses pots sur le brasier allumé à même le sol. Parfois ses réalisations sont entourées d'un mur de pierres sèches, pour mieux conserver la chaleur et pour atteindre des températures très élevées.
Ce mode de cuisson est le plus répandu en Kabylie. Les poteries sont empilées et recouvertes de branchages.
La finition et décoration des poteries
L’ornementation de la poterie intervient selon le procédé choisi, avant ou après la cuisson, le procédé le plus simple consiste à imprimer sur la pâte molle un objet qui laisse son empreinte.
Le décor incisé au moyen d'un objet tranchant, s'effectue également sur la pâte non cuite, c'est le cas pour la décoration des ikufan ( jarres à provisions).
Les peintures sont réalisés avec un pinceau en poil de chèvre. Les couleurs principales, sont le noir, et le rouge bordeaux et le blanc.
La potière puise ses motifs et ses formes dans la tradition, mais elle les dispose et les organise selon ses goûts et sa fantaisie. Là encore comme pour les robes kabyles les couleurs et motifs berbères varie d'une région à une autre.
En Afrique du Nord, le travail de la terre a quelque chose de sacré. La terre est comparée à la femme génitrice, le ventre d’où vient la vie. Un tableau de Farid Benyaa « la féconde », y fait allusion.
Quand les femmes kabyles travaillent la terre et la respecte. Un certain nombre de rituels et croyance entourent le travail de la poterie.
Sadia Tabti, a tenu à rendre hommage aux mères potières,
en imaginant et illustrant le conte "Tassadit la petite potière".
Un voyage artistique, une façon de fixer un savoir-faire ancestral et de créer des vocations qui sait.
Isabelle.
Source photo lissage de poterie Mohand Yahiaoui
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