8 mars : Une femme en devenir.
Dans un petit village de Kabylie, avec pour ligne d’horizon le Djurdjura, Lwiza, une jeune fille assise au pied d’un majestueux olivier, tout en lisant, imagine la femme qu’elle aimerait être, la vie qu’elle désirerait avoir.
Elle souhaite avant tout être libre de ses choix.
Elle pense à la vie de Maria Montessori, de Nabila Djahine, Rosa Parks, Louise Michel… dont elle a entendu parler et lu des documents à propos de ces femmes engagées, militantes. Exemples parmi d’autres, montrant que rien n’est acquis d’avance, qu’il faut souvent lutter pour obtenir des droits, pour diffuser ses idées.
Chantera-t elle sa culture comme Taos Amrouche ? Ou écrira –t-elle des poèmes à l’exemple de Anissa Mohammedi, qui a publié plusieurs recueils de poésies et animé diverses rencontres poétiques, ateliers d’écritures etc…
Lwiza aime épauler les autres, peut-elle sera-t-elle assistante sociale.
En tout cas, elle ne veut pas avoir une vie aussi dure que sa grand –mère Tassadit.
Cependant Lwiza ne veut pas accepter l’idée que les femmes d’aujourd’hui sont moins courageuses qu’avant. Quand elle entend des hommes évoquer la nostalgie du défilé des femmes à la fontaine, c’était joli…. Joli certes ! Mais pour les femmes une sacrée corvée ! C’est tout de même mieux d’avoir l’eau au robinet, enfin quand il n’y a pas de coupure. Il ne faut pas confondre évolution des conditions de vie et cœur à l’ouvrage.
Une évolution du confort est à noter, ce n’est pas pour autant que les femmes ne vont pas travailler beaucoup.
Lwiza veut bien mettre la robe kabyle à l’occasion de fêtes, le tissu et les broderies sont jolis et cela fait partie de son identité Berbère.
Quant au mariage, elle dit avoir le temps, et surtout elle ne veut pas qu’on lui impose un mari.
Sa grand-mère Tassadit lui dit souvent “Ruh attegheredh d leqraya id dunitim »
« Va étudier, les études c’est ta vie »
Résonne aussi en elle la voix de son autre grand-mère Zohra qui lui dit
« Lakul d tilelli
leqraya d tilelli”
“ L’école et les études sont la liberté “
Elle aimerait aussi être membre d’une association culturelle ou sociale, prendre des décisions, mener des projets, intervenir sur le terrain ou prendre la parole lors de tables rondes, cela avec d’autres femmes. Ne pas être reléguée à rouler le couscous sous prétexte que c’est une femme. Voir des photos de femmes animant des conférences, au lieu de les voir toujours en tenue traditionnelle avec des poteries.
Tout en souhaitant une vie où elle serait autonome, Lwiza tient à garder la mémoire de ses ancêtres. Elle n’oublie pas les leçons de sagesse apprises par le biais des contes, des proverbes transmis par sa mère et ses grands-mères.
Elle songe à celles qui ont combattu pour leurs droits, leur dignité, leur identité, leur langue maternelle et continuera sur cette voie.
Lwiza ne peut s’empêcher d’avoir une pensée pour ces femmes qui dans certains pays n’ont pas la possibilité de sortir librement, à celles qui ne peuvent même pas prétendre au droit à l’instruction.
Le jour commence à décliner, il est temps de rentrer et de réviser les cours pour atteindre son objectif de femme autonome.
Isabelle.
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