Le burnous : dignité et protection
En Kabylie, que ce soit Dda Mohand, ou Dda Ali ou les plus jeunes, Arezki, Massinissa ils portent tous fièrement abernus.
Le burnous est une sorte de longue cape, le plus souvent de couleur blanche, avec un capuchon pointu.
Cet habit est porté par les hommes, il est en laine d’ovins.
Ce sont les femmes qui patiemment et habillement tissent le burnous. Il faut trois toisons pour en faire un et sa confection dure pratiquement un mois. Avant le travail du tissage, il y a le triage : débarrasser la laine d’éventuelles brindilles, boue.
Le lavage et dégraissage de la laine, cette opération a lieu à la rivière. Vient ensuite le séchage, démêlage, cardage, filage.
Le tissage peut alors commencer.
On peut donc dire que derrière chaque burnous se cache une femme, voir plusieurs,
car en Kabylie il y a toujours l’entraide féminine dans la préparation de la laine.
Le burnous est porté tout le long de l’année, pour l’été il en existe un plus léger. L’hiver, ce vêtement est idéal pour se protéger du froid et de la pluie. La femme kabyle a son astuce pour le rendre imperméable, elle le laisse tremper dans un bain d’huile d’olive jusqu’à ce que le burnous soit tout raide. Par la suite il est lavé et séché.
C'est bien connu, celui qui endosse le burnous doit faire preuve d’une certaine maturité, être sobre. C’est une question d’honneur de ne jamais égarer son burnous ou l’abandonner même temporairement.
Le burnous fait parti de l’identité Berbère.
Les hommes qui se rendaient à la Tajmaât (assemblée du village) arboraient fièrement leur burnous. Le burnous fait partie des signes de virilité chez l’homme.
Il existe plusieurs manières de le porter, elles sont enseignées de génération en génération :
- Ramassé tout entier dans la longueur et jeté sur une épaule, c’est la façon dont les hommes qui sortent le porte.
- Le capuchon et le plastron brodé rejetés dans le dos derrière le cou, tandis que les pans sont disposés sur les épaules.
- Enfilé par l’encolure
- Disposé de sorte que le capuchon sur le côté serve de poche, lorsque l’homme va au marché, il peut ramener des choses non encombrantes, tout en gardant les mains libres.
- Pans relevés et croisés derrière le cou, le capuchon bien serré pour ainsi faire barrière au froid.
Quand l’homme rabat le capuchon de son burnous sur son visage, c’est signe de honte, de déshonneur.
Un jour un kabyle m’a dit : « Il y a trois choses qui ne se prêtent pas en Kabylie : son burnous, sa femme et son fusil ». Par contre un enfant peut hériter du burnous de son père ou grand-père, qu’il gardera précieusement jusqu’à son mariage par exemple.
Le burnous est de moins en moins porté car les modes de vie évoluent, en ville et selon sa profession il n’est pas commode de porter le burnous. Sans oublier le fait que de moins en moins de femmes tissent le burnous, ceci également dû à des changements dans les habitudes de vie, entraînant la non transmission de ce savoir faire. En espérant que le burnous ne soit jamais made in China.
Isabelle
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